FR) NOSTALGIE….
LE TIR AU PAVOIS ou A LA BELLE BALLE
Notre cher Président de l’ATCPAlençon m’ayant fait part de son intention de relancer le Tir au Pavois en notre stand de Chambois, le seul encore équipé pour cette forme de tir, j’ai cru bon de dire quelques mots de celle-ci, très en faveur en Basse-Normandie jusque le tout début des années 1980.
Je pense qu’une telle initiative attirerait beaucoup de nostalgiques. Peut-être moins de volontaires pour le marquage et le comptage !!!.
Il faut bien préciser qu’il s’agit d’une ‘forme de tir’ et non d’une discipline, car elle était régie par des règlements ‘élastiques ‘, qui pouvaient aussi varier d’un société à l’autre.
En 1965, époque où je me suis remis au tir, il existait encore 9 sociétés pratiquant ce tir et ayant un stand aménagé : Argantan, La Bruyère-Fresnay, Chambois, Monnai, Orbec, Trun, St Julien-le-Faucon, Villers-en-Ouche, Vimoutiers.
Les tirs commençaient vers Mars et se terminaient à l’ouverture de la chasses. On tirait dans un stand ou dans l’autre pratiquement tous les week-ends sur 2 jours-3 lorsque le Lundi était férié- et chaque rencontre réunissait plus de 80 entrants au minimum. Comme les séries étaient illimitées, tous les postes de tir étaient occupés en permanence et la recette importante.. .
Comme chacun interprétait le règlement à sa convenance, les séances étaient hautes en couleur, empoignades verbales qui se terminaient souvent à la buvette ouverte en permanence !. La discipline parfois élastique et le contrôle des cartons touchés donnait lieu à des contestations sans fin (Il y avait ces sacrés prix en argent !!).. Bref, c’était le bon vieux temps et on s’y amusait énormément !.
Un peu d’histoire :
Le tir au Pavois dans sa forme dernière dérive des épreuves d’adresse exécutés à l’époque du fusil à silex. On mentionne que le premier Pavois National fut tiré sous Louis XVI dans le parc du château de Versailles.
Je connais une ferme qui a sur les murs de ses dépendances des restes de Pavois en bois de 40cms de diamètre et percé de trous probablement faits par des 1822TBis et peut être même avant . Il y a au stand de Chambois des Pavois de 20cms manifestement tirés au Chassepot ou au Gras. C’est probablement de cette époque que date la forme récente du tir. En effet, la mise à disposition des munitions permettait de tirer plus à un prix et à une cadence améliorées. Ensuite, les Lebels et les munitions mis à disposition des civils par l’USTF a encore plus permis le développement de ce tir.
Après la guerre, les stocks d’armes et de munitions de toutes origines ont permis assez rapidement la reprise des tirs à la belle balle. J’ai vu sur les stands tout ce qu’il était possible d’utiliser !. Les stocks de munitions se réduisant, il a fallu songer à utiliser le calibre .22LR. Il suffisait de surélever de 7mm la hausse de la carabine standard UIT 50m pour être opérationnel à 200 mètres, en utilisant une munition de qualité a bon marché. D’aucuns ont tiré avec la carabine UIT 300 mètres, qui fut interdites successivement dans plusieurs stands arguant de l’avantage que la munition pouvait donner, ce qui était faux…elle[robert ch1] était simplement utilisée par des tireurs plus entrainés !!.
Les derniers tirs a la Belle Balle ont eu lieu à Chambois au milieu des années 80.
L’organisation du tir :
Les stands 200mètres possédaient tous une fosse, car chacune des 4 cibles (dites d’honneur) et le Pavois, situé entre les cibles nécessitaient chacun un marqueur qui palettait les impacts et changeait le carton central chaque fois qu’il était touché. Derrière chaque tireur, un greffier qui enregistrait les tireurs, pointait chaque balle tirée et, en cas d’impact sur le carton central recevait par téléphone le numéro du dit carton et le point (de 1 à 5).
Le déroulement du tir ;
Chaque tireur acquérait des tickets numérotés d’un carnet a souche qui lui donnait droit au tir de 5 balles. Ces tickets pouvaient être acquis (sauf une exception) en nombre illimité, qui, grâce à la rapidité du tir, permettait des recettes substantielles a la société organisatrice.
Le tir s’effectuait debout sans appui. Les cibles rondes de 80cms composées d’un disque de contreplaqué décoré et daté étaient recouvertes d’une feuille décimale 200m. Au centre était placé le carton de 20cms comportant 5 zones. Les impacts sur cible étaient palettés, mais seuls ceux frappant le carton central étaient comptabilisés et susceptibles de remporter un prix.
Le pavois était un simple disque blanc de 20cms avec lui aussi 5 zones égales. On le touchait ou la balle se perdait dans la butte .
Le Pavois dit ‘National’ se tirait les week-ends de Mai, Il se déplaçait selon la société dont un membre l’avait gagné la semaine précédente. On ne pouvait tirer qu’une seule série sur ce Pavois. Si un tireur plaçait les 5 balles de sa série, il gagnait automatiquement quelle que soit la position de ses impacts.
En addition, étaient parfois ajoutées des cibles ‘aux points’ (Cible de Normandie, de l’Orne, du Calvados, du 14 Juillet..etc). La cible était alors la cible UIT 300m et le comptage des points sur 5 ou 10 balles sans essais.
Les récompenses :
Le classement se faisait d’après la position de la balle par rapport au point central du carton. Cela donnait lieu a des contestations vigoureuses que seul le contrôle au compas à pointes sèches pouvait régler !!.
Les récompenses pouvaient être des prix en nature, mais le plus souvent en espèces suivant des règles bien établies :
Les 3 gagnants du Pavois se partageaient la moitié de la recette du Pavois selon une règle de dégressivité 1er, 2e,3e
le premier emportait le bois du Pavois comme trophée.
Les 10 premiers aux cibles d'honneur se partageaient aussi la moitié de la recette ‘honneurs’, mais en prix égaux.
En conclusion :
Le tir à la Belle Balle était un loisir passionnant, haut en couleurs et pratiqué dans une ambiance de joyeuse kermesse par plusieurs centaines de tireurs, parfois venus de très loin pour participer.
Je pense que son déclin n’est pas dû a une désaffection générale, mais pour une bonne part à la vénalité de certains due aux ‘enveloppes’ et au fait que les séries, trop illimitées, si elles augmentaient le profit de la société organisatrice augmentaient aussi les chances présumées de ceux qui, en ayant le temps et les moyes de tirer beaucoup, augmentant ainsi leurs chances de gagner, privant ainsi un autre de gagner une de ces si précieuses enveloppes. C’était pourtant encore de la part de ces derniers un raisonnement infondé, car ceux qui tiraient le plus n’étaient pas nécessairement les meilleurs.
Un Pavois bien Gagné….
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