SOUVENIRS, SOUVENIRS….
Dans le cadre des commémorations du 75e anniversaire de la Bataille de Normandie, une plaque offerte par le Canada sera inaugurée Mardi 4 Juin sur la place de Chambois,village où fut officiellement fermée la Poche de Falaise-Chambois par la rencontre des polonais du Général Maczek descendus du Mont Ormel après des combats au corps à corps et les américains de la 5e DB US venant de l’Est et du Sud . L’endroit exact de la rencontre entre lle Capitaine Waters et le Major Zgorzelsky est signalé à l’entrée Est de Chambois par une plaque commémorative posée par le SI de Chambois.
Les restes de deux armées allemandes encerclés ont laissé dans cette vallée de la Dives, dans un cercle d’une bonne dizaine de kilomètres (Der Kessel, le chaudron), quelque 12 à 15000 tués et 50000 prisonniers. Ceux qui ont pu s’échapper par la route Chambois-Vimoutiers et deux chemins vicinaux, le ‘Korridor des Totes’ (Couloir de la Mort) ont abandonné sur place tout leur matériel. https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Chambois
Mon histoire se passe au cours des commémorations du 40e anniversaire de la bataille, en Aout 1984.
A l’époque, j’étais souvent sollicité comme interprète entre les autorités locales, les associations et les visiteurs des deux bords revenus sur les champs de bataille.
C’est ainsi que j’avais fait la connaissance quelques années plus tôt de John Arkle Dunlop, en 1944 lieutenant au Lincoln and Welland Regiment qui m’avait demandé si je pouvais obtenir des renseignements sur la possible sépulture d’un de ses sergents, tué à Saint Lambert sur Dives d’une balle en pleine tête et jamais retrouvée.
Je précise que John, sous les ordres du Major David Currie qui commandait la Task Force qui, venue de Trun, fermait la poche par l’Ouest . David avait son QG au carrefour de Quantité et John bloquait la passerelle du Moulin, une des 3 voies de retraite que les Allemands voulaient utiliser. David Currie a gagné dans cette action la seule Victoria Cross canadienne de toute la bataille de Normandie et John Dunlop la Croix de Guerre française pour leur bravoure à Saint Lammbert.
J’avais alors invité John à assister aux commémorations du 40e anniversaire et il avait passé quelques jours chez moi.
Au cours de mes recherches, il m’avait été remis un casque canadien percé d’une balle, et retrouvé dans le lit la Dives en aval de Saint Lambert. Je l’ai montré a John qui a découvert un numéro peint en jaune sous la visière du casque, qui jusqu’alors m’avait échappé. C’était un matricule. John a immédiatement consulté le livre relatant l’histoire du régiment, notamment les pertes par endroit ; date, nom et matricule…Excitement et émotion, le casque était bien celui du sergent recherché. John est rentré au Canada avec la précieuse relique qui se trouve depuis dans un m-mémorial Canadien .
Après la cérémonie officielle au Mémorial du Mont Ormel, nous faisions avec John un tour du champ de bataille dans ma jeep aux couleurs du ‘Lincs and Wells’. J’avais arrêté la jeep à l’endroit exact de la photo la plus célèbre de la bataille qui montre le Major Currie recevant la reddition d’une troupe allemande, officiers entête. J’étais resté au volant pendant que John prenait ses photos depuis le point où la photo d’époque avait été prise, un peu plus haut en direction de Trun où les masses de prisonniers étaient envoyés, sous la surveillance d’un seul Sherman placé sur la hauteur.
J’ai vu venir de la direction de Chambois une Mercédès décapotable avec deux personnes à bord qui s’arrêtait a une cinquantaine de mètres de moi et s’engageait avec hésitation dans le chemin de Quantité. Visiblement, ils cherchaient quelque chose.
John ayant terminé ses photos, nous prenons alors nous aussi le chemin de Quantité pour une dernière visite au Moulin de Saint Lambert et sa fameuse passerelle piétonne.
A mi-chemin, je vois la Mercédès revenir. Je l’arrête à ma hauteur et demande si je peux les aider ?.
Devant leur gêne à me répondre et voyant leurs âges respectifs, la bonne soixantaine pour le passager et la trentaine pour le conducteur, je m’adresse alors au passager et lui dit : ‘’Au vu du jour où nous sommes et votre âge, vous cherchez un endroit où vous êtes passé en Août 1944, mon passager est canadien et revient ici pour les mêmes raisons que vous. Comme je vous l’ai dit, si je peux vous aider, n’hésitez pas’ !.
Mis à l’aise, il me dit alors qu’il recherche un petit pont pour piétons sur la rivière où il avait été blessé et fait prisonnier. Je leur dis alors d’aller faire demi-tour au carrefour et de me suivre.
Arrivés au Moulin, nous allons à pied à la passerelle, suivis par John qui se demande ce qui se passe ?.
J’interroge alors l’allemand dont j’ai oublié le nom (il était architecte à Karlsruhe). La conversation en allemand dure un moment avec John qui s’impatiente et répète ‘What does he say ?’.
Finalement, je me tourne vers lui et lui dis ‘Etiez-vous ici le 20 Aout vers 14heures’ . Certainement, me répond-il presque agressivement.
‘Alors, il était blessé et vous l’avez fait prisonnier et c’est votre infirmier qui lui a donné les premiers soins !’.
John est sidéré et une longue évocation s’ensuit. Les deux hommes presque en larmes tombent dans les bras l’un de l’autre et l’épisode se termine dans la liesse chez moi au champagne !!!.
Je sais que les deux se sont échangés leurs vœux annuels jusqu’à la mort de John A .Dunlop en 2008 .
R.G.C
05/2019
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